| Sophie Mallebranche |
 |
 |
 |
|
Sophie a grandi sur la côte normande, entre casseroles de cuivre et plans de travail en inox. « Dans le restaurant gastronomique de mes parents, j’étais fascinée par les effets métalliques et les miroitements des ustensiles. » Sophie aurait pu reprendre l’affaire familiale à Honfleur, mais a choisi de creuser son propre sillon, trouvant l’inspiration de ses créations dans l’univers des arts ménagers dans lequel elle a grandi. En 1994, elle quitte la Côte Fleurie pour poursuivre ses études à Paris, et intègre l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués Duperré dans la spécialité « textile ». D’emblée, la jeune designer confronte les matières industrielles aux techniques textiles manuelles. Elle utilise des fils d’inox, de silicone ou de cuivre émaillé (sur mesure en Suisse) sur des métiers à tisser à la main. En chaîne, l’inox ; en trame, le cuivre : le résultat est superbe. Des applications diversifiées naissent de ses créations, captent la lumière autant qu’elles la laissent passer. « On reste suspendu à ses fils, à la fois capté et en apesanteur, là où la transparence se fait structure, où le métal se faufile, ondule, scintille et croise un brin de soie, un ruban de velours, une pierre de lune, un morceau de lune dépolie, ou encore un incongru tube de silicone (…) » écrit la commissaire d’expositions Sarah Carrière-Chardon. Pendant dix ans, Sophie décline son concept dans un atelier de la rue des Gardes à Paris, connue aussi sous le nom de la rue de la mode. Elle créé pour les boutiques Chanel de Tokyo à New York, le restaurant d’Alain Ducasse à Paris, le stand Guerlain des Galeries Lafayette mais aussi pour des designers et des architectes d’intérieur, ses principaux prescripteurs. Partenariat en or « Mon travail exigeait que nous soyons parfois 3 à 4 personnes à tisser en même temps. Un jour, j’ai eu besoin de passer à une phase plus industrialisée pour répondre à des demandes croissantes et révolutionner mes délais habituels de production », explique la jeune femme. Mais comment faire passer des fibres de laiton dans des machines spécialisées dans les matières traditionnelles ? En 2008, Sophie se rapproche de la maison Toiles de Mayenne qui, malgré son grand âge (l’entreprise a été fondée en 1806), accepte de relever le défi. Ensemble, ils expérimentent, tâtonnent, adaptent les outils pour parvenir en janvier 2010 à finaliser un outil industriel totalement adapté, capable de tisser le métal à grande échelle. Le Centre Francilien de l’Innovation, qui avait déjà soutenu la créatrice à ses débuts, l’accompagne pas à pas dans ce développement. « Autrefois, on ne pouvait tisser que 10 à 15cm par heure, explique Sophie, grâce à ces machines, on passe à 2 m/h. L’accompagnement du Centre Francilien de l’Innovation m’a vraiment permis de faire aboutir ce projet. Ca a été une formidable opportunité. » Depuis 2009, la jeune femme travaille avec Guillaume Danset, tous deux créateurs du Material Design Group, dont la vocation est la production et la création de matériaux innovants. Ensemble, la nouvelle équipe présente les collections dans les salons, et exporte ces créations made in France partout dans le monde, Etats-Unis, Russie, Asie. « Après avoir beaucoup voyagé, je passe mon temps aujourd’hui entre ville et campagne, entre mon showroom parisien et les ateliers de Mayenne » s’amuse la designer francilienne.
« Mêler art et technologie, c’est ce qu’a réussi Sophie Mallebranche. Nous avons accompagné la mutation des machines traditionnelles, capables aujourd’hui de tisser le métal comme hier la laine ou le lin. Cette prouesse technologique a pu être atteinte grâce au dynamisme de Sophie soutenue également par Paris Pionnières » « Lorsque l’on se lance dans une démarche d’innovation, on se rend compte que les réponses amènent forcément de nouvelles questions. » Photographie : Youval MICENMACHER / © Centre Francilien de l'Innovation Mars 2011 - Femmes et Innovation 
|
